Pour préparer les résidences, j’ai mis sur le papier le fil rouge d’une semaine. Chaque détail: intentions à poser, silences nécessaires, mots et objets. Accueillir l’imprévu est la chose la plus difficile pour moi. 2 Octobre, premier jour de la première des Effrontées. La météo est parfaite, Camille est aux fourneaux, la maison rousse opère sa magie, les échanges sont à la fois timides et chaleureux. La journée passe : cercle d’ouverture, brunch, atelier d’écriture, diner et vision board. Il est un peu plus de 23h quand nous terminons. La lumière s’est éteinte quelques minutes plus tôt dans la grande maison, l’électricité a sauté. En cherchant le tableau électrique dans le noir je me prends les pieds dans une caisse et me blesse. Les résidentes prennent les choses en main, testent chaque fusible mais le courant ne repart pas. Nous partons nous coucher. Au réveil, Camille est zen, elle sait cuisiner un brunch sans plaques ni four ni frigo. Franchement, ce qui serait vraiment pénible, ce serait une coupure d’eau. Une heure plus tard le forage qui alimente la maison s’étant arrêté, les réserves sont taries. On puise dans la piscine pour remplir les chasses d’eau. Et la douche après le yoga, c’est surfait. Camille me fabrique des béquilles avec deux balais et deux torchons. Le médecin en visio m’ordonne de filer aux urgences. Je supplie. J’obtiens une ordonnance pour une botte de marche et une boite d’antalgiques contre la promesse de passer une radio sous trois jours. Au moment où je me demande quel est le projet de l’univers à mon sujet, je découvre une souris morte sur le paillasson, offrande du chat qui nous a prises en amitié. La suite de cette histoire, c’est Justine et Julien, propriétaires de la maison rousse qui débarquent avec des packs d’eau et un électricien. Et c’est à ça qu’on reconnait les très grands dans l’hospitalité : la capacité à réagir, pas l’absence d’imprévu. La suite, ce sont des femmes qui après 24h sans manifester d’exaspération ni de reproche, auront poursuivi leur semaine en rigolant comme des baleines de ce CAP électricité bonus, meilleur team building de leur vie. |